Les  évolutions de la Coopération Internationale et leurs conséquences sur l

   

 

Les  évolutions de la Coopération Internationale et leurs conséquences sur l'exercice des métiers de la coopération.

Alain Boucher
Actuellement chargé de mission au bureau de l'évaluation SPE/PM/PEV

Entretien de Sophie Lewandowski pour l'ACAD-MAE

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A votre avis, quelles sont les évolutions de la coopération internationale qui modifient en premier lieu l'exercice des métiers de la coopération ?

L' évolution de la coopération internationale française est intimement liée à la nouvelle donne mondiale mondialisation, modèle libéral dominant, crise de l'aide et des mécanismes de régulation, prétention hégémonique des grandes agences internationales et de leurs modèles de référence, émergence et consolidation des sociétés civiles dans l'international. Les enjeux actuels se déclineront donc pour la France en terme de redéfinition et de repositionnement. Toute la question est de savoir quelles places respectives vont prendre la culture, le développement et la coopération dans la diplomatie française bilatérale et multilatérale.

Plus clairement, on peut se demander comment ces thèmes et ces acteurs vont pouvoir s'intégrer à la diplomatie française et selon quelle modalité. Notons que la refondation de la coopération politique et institutionnelle nous livre déjà quelque éléments de réponse : pôle diplomatique et pôle économique, CICID, Haut Conseil, maîtrise d'ouvrage et maîtrise d'oeuvre à des opérateurs...

bulletEt selon vous, quelles conséquences a ce contexte sur les métiers de la coopération ?

Il s'agit de redéfinitions : redéfinition du métier, des référentiels de compétence, des critères d'entrée, des parcours proposés, des critères d'évaluation...

Le ou les métiers tout d'abord : l'idée actuelle est celle de la création d'une culture commune pour l'action internationale en matière de coopération. Aujourd'hui les cultures sont hétérogènes : il y a celle des militants, celle des techniciens sectoriels, celle des gestionnaires et administrateurs et celle commune aux agents au service d'une politique publique, celle de la diplomatie. Existe également la différence de culture liée à la position hiérarchique et aux plans de carrière.

Pour ma part, j'ai travaillé plus d'une dizaine d'années pour chacune des deux institutions et connais donc d'une certaine manière les deux cultures aujourd'hui fusionnées et intégrées à celle du quai d'Orsay. Par ailleurs, étant chargé avec un collègue du projet d'entreprise de la DGCID, j'ai consulté quelques 250 personnes sur leur vision de leur nouvelle fonction et position dans la coopération et dans la place de celle-ci dans la diplomatie. La question que je pose est celle de savoir comment il faut marier d'une part la culture commune fondée sur la coopération et la diplomatie qui nivelle les différences et d'autre part, les cultures plurielles issues des différents secteurs d'intervention qui majorent ces secteurs et les problématiques d'intervention. Une réponse à cette question permettant aux agents d'avoir des repères socioprofessionnels et des projets de carrière.

Un autre élément très important est la nouvelle définition des critères d'évaluation aux actions. Il s'opère une véritable révolution : celle du recours à la mesure, aux indicateurs. Au discours qualitatif doit s'ajouter désormais une appréciation et un jugement fondé sur des critères quantifiables.

Enfin, il y a à l'oeuvre une redéfinition des critères de compétence collectifs et individuels : jusqu'ici la compétence a toujours été jugée sur un mélange d'appréciation à partir des formations initiales, d'expériences sociales de "terrain", de reconnaissance des formations.... et de variables politiques. Ces critères sont actuellement en évolution sans qu'on en situe les repères respectifs.

bulletEt dans cette évolution, quel rôle va jouer, à votre avis, la formation ?

Pour reprendre les trois premières composantes évoquées, disons que la formation continue doit permettre de renforcer les capacités de gestion et d'administration de la coopération, les capacités d'une expertise interne sectorielle et celles de médiation, d'intermédiation et de négociation. Ces dernières se réalisent dans l'interne comme dans nos rapports avec les opérateurs, les autres ministères et la société civile. La formation est le processus qui permet l'échange entre tous les acteurs de la coopération autour de leur expérience de terrain et de l'intégration progressive de nouvelles données. Cette formation devrait faire l'objet également d'une capitalisation et d'une reconnaissance pour les agents qui la suivent. De 1973 à 1998, j'ai travaillé à la formation des coopérants dans différentes structures (BLACT, CFECTI, CIFACE, puis au Ministère de la Coopération). Je pense que c'est au moment où le processus de restructuration se stabilise qu' il faut proposer au personnel et à la structure, une vision des métiers et des parcours professionnels possibles. Ce sera, en effet, avec des référentiels que l'on pourra faire une formation de qualité. Il faut une boussole collective à la formation des personnels et cette visée formative ne doit pas se limiter à la formation interne du Ministère.

bulletEt quel serait alors le rôle de la mobilité ?

Il faut gérer le désir naturel des gens de mobilité. Aussi la mobilité doit elle s'inscrire dans les apprentissages successifs et dans un système de reconnaissance de ces apprentissages. Cette mobilité doit également permettre des aller-retour avec les autres acteurs français de la coopération internationale... mais il faut savoir de quelle mobilité nous parlons. D'une mobilité choisie ou subie ? D'une mobilité transversale ou verticale ? Le terme peut être dangereux : contre-emplois, sortie du système etc. Personnellement, j'ai été successivement associatif parapublic, expert, contractuel de l'administration et j'ai vécu ces changements comme positifs.

Pour conclure, je dirai que les mutations actuelles de coopération s'opèrent à des rythmes différents au ministère et dans les autres institutions. Il est nécessaire d'arriver à avoir une réflexion et des pistes communes.

Par ailleurs l'actualité nous apporte quelques éléments de compréhension : journées de la Banque Mondiale, de l'Union Européenne, du PNUD ; réunion du Réseau ; rôles de l'ACAD-MAE et de l'Association des contractuels ; relance des titularisations ; résurgence de l'analyse des métiers ....

bulletCe qu'il faut entreprendre

Compte-tenu de l'urgence de mise en oeuvre de la DGCID, il faut redéfinir les objectifs et le dispositif de formation à l'entrée et celui de perfectionnement des agents. En particulier, le dispositif actuel organisé par le DGA doit prendre en compte la réalité de la ressource humaine à la DGCID et dans les SCAC. On peut imaginer de négocier avec les personnels un nouveau plan de développement de la formation comme on a su le faire deux fois en 1991 et 1993. Ces plans reconnus par la fonction publique avaient permis d'orienter, de mobiliser, et de dynamiser les moyens financiers et institutionnels. Toutefois, il faudrait aujourd'hui actualiser les référentiels de compétence à développer, distinguer et articuler la formation continue des agents et celle des autres intervenants comme les diplomates, les coopérants, les experts, les volontaires, les personnels des ministères techniques et des collectivités locales. Il faut repenser enfin la mobilité des personnels en s'efforçant de reconnaître et de valoriser les acquis socioprofessionnels issus de la formation et de l'expérience. Cette validation permettra de faciliter la mobilité inter-institutionnelle exigée par l'actualité.

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Dernière modification : 03 sept. 2002

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