Les  évolutions de la Coopération Internationale et leurs conséquences sur l

   

 

Les  évolutions de la Coopération Internationale et leurs conséquences sur l'exercice des métiers de la coopération.

Témoignage d'un conseiller de coopération et d'action culturelle de la zone de solidarité prioritaire.

Suite à notre conversation, je vous prie de trouver ci-après quelques éléments de réflexion qui pourraient être débattus.

Il me semble en préambule que les réflexions nombreuses sur la coopération et le développement ont toujours manqué d'une définition claire de ce que nous entendions véritablement lorsque nous évoquions une "coopération" à la française.

A mon sens, nous devons mieux mettre en valeur les spécificités de notre action en faveur des pays (et surtout des peuples) confrontés à un retard de développement. Pour ce faire, il me parait important d'organiser notre action autour de quatre pivots :

1 - Un passé unique qu'il ne faut pas minimiser

Expérience exceptionnelle grâce aux 40 années de coopération durant lesquelles se sont créés des outils de développement mais aussi une confiance qui n'a guère d'équivalent dans les autres coopérations.

Un capital humain (tant français que des pays tiers) sans égal mais qu'il faut redynamiser (du fait notamment des différences générationnelles mais aussi de cultures suite à la fusion des administrations).

2 - Une vision nouvelle intégrant les changements

La coopération française a épousé les changements du monde, preuve en est la fusion des administrations et la volonté de sortir du "Pré Carré" grâce à la ZSP. Le développement des co-financements (ONG - coopération décentralisée - action bi/multi) est une preuve de son adaptabilité.

Ces changements ont poussé à une révision graduelle des priorités mais aussi des pratiques (facilitée par les modifications des relations avec les gouvernements bénéficiaires de la coopération).

3 - Une approche équilibrée entre initiatives bilatérales et multilatérales

Compte tenu des besoins et de la tendance à une certaine frilosité (ou lassitude) de l'ensemble des donateurs, une plus grande orientation vers les projets cofinancés avec les organisations multilatérales (ONU-UE) doit être privilégiée (ou peut être mieux explorée).

Cependant, au-delà de l'effet de concentration il faut se défier de celui de dilution qui menace les organisations internationales (ONU mais aussi et surtout Europe)

En effet, les sommes très importantes dévolues aux organisations internationales occasionnent des effets d'engorgement et obligent le plus souvent à des alourdissements de structure alors que les effets sur le développement et la coopération ne sont guère proportionnels à ces hausses. De plus, des pans entiers de l'action (notamment culture, patrimoine, ingénierie sociale, formation) sont abandonnés au profit de domaines où l'action est plus simple (urgence, constructions d'infrastructures lourdes).

L'approche équilibrée (voire parfois défiante) devrait être le mode normal de fonctionnement avec les organisations internationales. Il conviendrait également de créer, pour les postes, une voie plus facile d'approche des décisions au niveau central (tout particulièrement à Bruxelles).

4 - Des moyens conséquents qui doivent être mieux utilisés

La France consacre une part non négligeable de son budget à l'aide au développement (en tête des pays du G7 en pourcentage de son PNB). Ces moyens importants souffrent toutefois de l'inadaptation croissante de la comptabilité publique (même après réforme comptable) qui ralentit, complique et parfois inhibe les projets. Une nouvelle approche comptable (calquée sur le monde réel, celui des entreprises) s'impose, impliquant une responsabilisation des décideurs et des opérateurs et donc une réelle confiance (avec des mécanismes de contrôle et d'évaluation réellement indépendants et nantis de pouvoirs de sanctions véritables !).

La place de l'AFD doit sans doute être redéfinie et tout particulièrement sa tutelle. Le Ministère de l'Economie a-t-il vocation à contrôler une agence de développement ? Que peut et que doit faire l'AFD ? Doit-on recréer sous le nom de l'agence un nouveau Ministère de la coopération ?

Des questions

bulletComment utiliser les ressources humaines passées ou présentes ? Que signifie une politique cohérente du personnel pour le développement (recrutement - gestion - évaluation - avenir).
bulletComment rationaliser les instruments de financement ? (Titre IV - Titre VI - AFD - cofinancements divers).
bulletComment échapper à la perte en ligne (efficacité - visibilité) de l'action multilatérale ?
bulletComment accentuer la souplesse d'utilisation des crédits ? (gestion comptable moderne - évaluation - sanction).
bulletComment sortir de la DGCID "usine à gaz" pour en faire un instrument efficace de notre action de coopération et de développement ? (comment éviter la tentation de l'étranger comme niche de récompense pour fonctionnaires méritants ?).

La Coopération vue d'un poste
de la ZSP

Les priorités de la DGCID

Les actions dans l'ensemble du monde :

Pour un poste dans un pays en développement encore très pauvre, l'audiovisuel et les nouvelles technologies ne peuvent constituer des priorités aisément défendables.

bulletl'audiovisuel, est le plus souvent, étroitement contrôlé (ce qui pose le problème d'une "collaboration" avec un instrument plus ou moins totalitaire).
bulletles nouvelles technologies ne sont pas au rendez-vous, le plus souvent pour des raisons techniques mais aussi, parfois, pour éviter une perte du contrôle par l'Etat.

De plus, l'appel aux NTI procède d'un voeu pieux, les agents français ne disposant parfois pas de l'accès à celles-ci (manque de matériel, modestie des crédits de communication, inadaptation de nos instruments).

Les deux autres priorités apparaissent comme valides car toutes deux visent au renforcement des capacités du pays (institutionnelles au niveau de l'état et personnelles pour la formation supérieure et le développement de la recherche).

Quant aux priorités de la coopération au développement, il conviendrait de savoir ce que signifie le concept de développement durable (tarte à la crème de toutes les réunions de bailleurs de fonds mais plus comme une "antienne" que comme une réelle réflexion sur ce que signifie la "durabilité" dans les pays les plus pauvres du monde).

Durable signifie aux yeux d'un poste chargé de coopérer qu'il existe au sein de la société (administration - société civile - secteur privé, etc...) des relais suffisamment opérationnels pour prendre en charge totalement (après un temps variable de double pilotage) le projet soutenu par l'extérieur. Cela pose, en fait, peu la question de l'Etat de droit (même si cela ne nuit pas) mais surtout celle du fonctionnement des institutions et du niveau général des populations concernées.

Le facteur essentiel demeure donc l'effort sur l'éducation de base et dans ce domaine, les réalisations des grands plans sectoriels (soutenus par la Banque Mondiale, l'USAID et la majorité des donateurs) ne donnent que des résultats contrastés (plutôt bon pour les infrastructures mais très décevants pour la formation et de toute façon coûteux, lents et sujets à de fréquents blocages). Les mêmes reproches valent pour la santé primaire même si les effets sur le pays sont moins importants que pour l'éducation.

Vu d'un poste moyen, notre stratégie vis à vis du développement souffre d'une rupture entre les grands principes énoncés depuis le Département et les moyens mis à disposition :

bulletMoyens humains, non pas trop réduits, mais sans doute encore mal redéployés du fait des changements dans notre dispositif.
bulletMoyens matériels (pour le fonctionnement et la mise en oeuvre) qui connaissent la même inadéquation que les moyens humains.
bulletUn problème essentiel demeure concernant les capacités de gestion et leur mode de fonctionnement (au travers de régies le plus souvent mal équipées et suivant des règles inadaptées voire désuètes). Cette contrainte est extrêmement pernicieuse tant pour la mise en oeuvre des projets que pour l'image quelque peu vieillotte que cela véhicule à l'égard de nos collèges et partenaires.
bulletLe recours au mécénat reste compliqué (d'abord du fait de l'absence générale de mécène dans des pays très pauvres) mais aussi par l'impossibilité qu'ont les SCAC de recevoir de l'argent, ce qui entraîne le passage par des structures relais à autonomie financière parfois elles-mêmes bridées par des tutelles tatillonnes.
bulletSur les moyens mis à disposition, il apparaît que les programmations sont trop étriquées, sans véritable souplesse (les postes ont le plus souvent des récurrences, notamment de bourses, si importantes qu'elles ne permettent guère d'adaptation).
bulletLes projets FSP souffrent de la lenteur des examens en commissions puis en comités directeurs. Il conviendrait sans doute de réfléchir sur la validité de ces deux étapes, sachant que les projets ont fait préalablement l'objet de discussions approfondies entre les postes et les directions compétentes du Département.

· Pour tout projet (en FSP ou en programmation) lorsqu'il prend une certaine ampleur en terme de financement, la présence d'un assistant technique - chef de projet - est essentielle. En effet, c'est à ce niveau que la qualité de nos experts (et donc de notre coopération) fait la différence à l'égard des autres coopérations où les généralistes sont en majorité. Cela suppose une politique de recrutement et de suivi des carrières dynamiques. Cela ne semble pas être encore la règle. Les modalités de mise à disposition et de détachement d'agents d'autres ministères mériteraient à mon sens d'être également réexaminées et surtout il conviendrait d'éviter l'effet désastreux de choix faits par ceux-ci (de manière mécanique sans possibilité d'évaluation). Le mode de fonctionnement nouveau du recrutement des enseignants détachés apparaît ainsi, après une première expérience, très peu satisfaisant.

En résumé, un poste de la FSP est à la recherche :

bulletd'instructions claires et opérationnelles ainsi que de réponses rapides de la part du Département.
bulletd'un mode de gestion modernisé avec une réelle autonomie.
bulletd'une politique de ressources humaines tenant compte des carrières des opérateurs en privilégiant les compétences et l'adaptabilité.
bulletde moyens adaptés aux missions.
bulletd'une véritable volonté de synergie entre les différents instruments de notre action extérieure (et notamment la place de l'AFD, mais aussi du PEE, voire du poste de l'attaché de défense, dans notre dispositif).

Envoyez un message !

Revenez à l'introduction au forum !

 

A C A D - M A E  
57 boulevard des Invalides, Bureau 2259  - 75700 PARIS
tél. +33 (0)1 53 69 34 58,  fax +33 (0)1 53 69 32 85.
Contact  : ACAD-MAE
Composition du Bureau de l'association. Textes des statuts en vigueur. Historique de l'association.

> Pour toute question ou problème concernant ce site Web, envoyez un mél. à web@acadmae.org.
> Sur le fonctionnement de l'association, envoyez un mél. à acad@acadmae.org ou ACAD-MAE@diplomatie.gouv.fr
Si vous souhaitez le développement d'un sigle ou d'un acronyme, consultez notre "siglaire"

Dernière modification : 03 sept. 2002

Adhérez ou renouvelez votre adhésion pour 2002 en téléchargeant le bulletin au format adéquat :
  word ou adobe acrobat.