LA
RENCONTRE DE QUITO
La Rencontre
de Quito a été décidée en juin 2000 à l'issue du Premier Forum Mondial de la
Montagne réuni à l'initiative de l'ANEM et de la ville de Chambéry (Savoie).
Elle se présente toutefois non plus comme un Forum de discussion purement
événementiel mais comme une "2ème Rencontre des populations de
montagne" organisée par l'Association des Populations des Montagnes du
Monde et destinée à définir les axes d'action de cette nouvelle organisation
internationale.
Le thème de la
Rencontre traduit bien cette nouvelle étape vers la construction d’un mouvement
mondial de la montagne : « Populations de montagne : un destin à prendre en
mains, un projet à construire ensemble ». L'objectif est d'inviter les
populations de montagne à s'organiser sur le plan mondial et local pour se
constituer en une communauté recherchant d’abord en elle-même les moyens et les
ressorts de son progrès et comme une force sociale capable de se faire
reconnaître et d’intervenir dans le champ de la décision publique.
Mais avant
d'arriver à ces décisions concrètes d'action, aura eu lieu tout un travail de
réflexion en amont qui prendra une double forme : des rencontres régionales
dans cinq ou six grands secteurs de montagne suffisamment homogènes (Himalaya,
Afrique, Andes, Europe, Asie, Méditerranée) pour identifier des problématiques
communes et pour tracer des lignes de force, et d'autre part la mise en
discussion au plan mondial d'un document d'orientation « Projet pour un
développement équitable et durable de la montagne » dont sera tirée à Quito une
Charte d'action des populations de montagne, outil de référence pour l’action
et de dialogue avec les gouvernements ou institutions internationales.
La rencontre de Quito ne sera pas toutefois que la synthèse
de ces travaux préliminaires. En s'appuyant sur
ceux-ci les participants seront invités à répondre à trois questions clé pour
la montagne :
1.
Quelles sont les perspectives
d'évolution de la montagne pour les 15-20 ans à venir en fonction de trois
hypothèses : maintien de la situation actuelle : confrontation au marché dans
un contexte de forte compétition et de faible régulation - organisation des
populations pour mieux contrôler leurs produits, leurs marchés, leurs
ressources - action conjuguée populations de montagne, gouvernements,
organisations internationales.
2.
Quelles réponses les territoires
de montagne apportent aux exigences fortement contradictoires auxquelles ils
sont soumis : gestion de qualité du milieu naturel et accélération du rythme du
développement; déploiement des activités dans un environnement géographique
difficile et dans un contexte de renforcement de la compétition et
d'affaiblissement des régulations ; accès aux services et biens sociaux pour
des territoires faiblement peuplés et isolés face à une forte dynamique de
libéralisation qui donne la primauté au marché ; maintien de l'identité
culturelle des peuples de montagne au contact des cultures dominantes fortement
assimilatrices et banalisantes ; exercice du pouvoir de gestion locale en l’absence
de ressources propres et dans un contexte de désengagement de l'Etat et de
réduction de la péréquation.
3.
Quels modes d'organisation peuvent
permettre aux montagnards d'apporter collectivement des réponses à ces
questions au niveau national, régional et international ?
Ces questions
sont en fait universelles et peuvent être transposées dans d'autres
territoires. Elles prennent toutefois un caractère original en montagne ce qui
justifie une approche spécifique et une démarche particulière des populations.
Quito, où
quelque cinq cent responsables venus de 100 pays sont attendus, doit accélérer
la prise de conscience d’appartenir à une communauté dont le destin peut être
partagé, conduire à définir une stratégie commune, mettre en place une
organisation mondiale.