Colloque

   

 

Atelier de réflexion :
"Coopération internationale, l'affaire de tous"
du 26 juillet 2000 

Synthèse des transcriptions

L'ACAD-MAE est une association à caractère professionnel regroupant les acteurs de la coopération et de l'aide au développement relevant de la direction générale de la coopération internationale et du développement du ministère des Affaires étrangères, mais aussi de différents ministères, d'organisations non gouvernementales et de collectivités locales.

L'ACAD-MAE a pour objectif prioritaire de favoriser et de participer à la réflexion sur la reconnaissance et la promotion des métiers de la coopération et du développement, par l'affirmation d'une culture commune.

Dans cette perspective, nous souhaitons, en particulier, être associés au projet de création d'un Institut des hautes études de relations internationales.

Ce lieu devrait être un instrument privilégié d'une politique moderne de gestion des ressources humaines, aussi attentive aux compétences et aux fonctions qu'aux statuts.

Aujourd'hui, cet atelier est pour nous l'occasion de manifester notre volonté :

- d'être présents dans tous les débats qui agitent les milieux de la coopération internationale et du développement.

Il y a un mois nous rendions public un manifeste rappelant au gouvernement les engagements de la France en matière d'aide au développement.

D'autre part, à la fin du mois d'août, l'ACAD sera présente dans les débats organisés par le Haut Conseil de la Coopération Internationale.

- de réaffirmer, ensuite, notre conviction que la coopération internationale est un métier ou un ensemble de métiers, qui requiert des savoirs et des savoir-faire spécifiques.

Pour nous, la coopération internationale est avant tout un métier et un engagement, dont les porteurs actuels au sein des Affaires étrangères ne sont pas suffisamment reconnus, un métier qui se doit de mobiliser l'ensemble des structures gouvernementales, des collectivités locales, des universités et institutions de recherche, et de la société civile en général.

- d'exprimer enfin, vis-à-vis de vous, une attente: celle de la construction par le dialogue d'une culture commune.

Un dialogue qui permette à chacun de mieux faire connaître sa vision de la coopération internationale et de ses enjeux; qui conduise chacun à valider l'affirmation de principe qui est le nôtre : la coopération est l'affaire de tous.

Un dialogue qui participe à la formulation des conditions d'émergence de la culture commune qui doit être à la fois l'objectif et le moyen d'une reconnaissance des acteurs de la coopération.

Intervenants

1-Alain Jouret

L'Europe : l'horizon incontournable de notre coopération

Quatre raisons justifient l'implication de la France dans la coopération européenne :

1-la diminution des moyens bilatéraux vis-à-vis de la hausse des moyens de la communauté,

2-le fait que l'Union Européenne est le premier donateur à l'échelle internationale, devant la Banque Mondiale

3-l'importance des volumes financiers des programmes européens qui devrait susciter un effort accru de la France pour émarger à ces programmes et développer des outils plus efficaces notamment face aux Anglo-saxons

4-la réforme de la Commission, qui implique une veille accrue en amont de la part des postes diplomatiques.

L'identification ainsi que tout le montage du projet se fera dans le pays bénéficiaire ; sauf pour le programme TACIS (ex-URSS), tout sera décentralisé.

Il y a deux nécessités:

- réorienter le dispositif français en charge de la coopération

- travailler sur la réponse aux appels d'offre, ainsi que sur l'implication continue des équipes françaises dans les projets de la Commission.

Le dispositif devrait s'organiser autour de trois pôles : l'administration centrale, les postes diplomatiques et la Représentation permanente.

Dans la gestion des ressources humaines, il existe une faiblesse des opérateurs français : il y a une difficulté à mettre en place des alliances entre opérateurs français ainsi qu'entre opérateurs français et opérateurs européens.

2-Nicolas Wit

Coopération décentralisée : stratégies et enjeux

Cités-Unies France a pour mission essentielle l'animation de la coopération décentralisée.

Enjeux et stratégies :

- développer la coopération décentralisée dans la politique locale française

Cela se situe évidemment dans un débat sur les notions de local et de global, de développement, de nord et sud.

- favoriser la cohérence dans les actions

A CUF, depuis dix ans, il existe des groupes-pays.

- optimiser la synergie entre la coopération des collectivités locales et les autres acteurs de la coopération

Aujourd'hui, un rapprochement se fait entre l'Association Française du Conseil des Communes et Régions d'Europe et CUF.

Lorsque nous parlions de force de frappe, de consortium, de capacité de réagir sur des appels d'offre, c'est aussi peut-être par rapport aux associations des collectivités locales.

Il est également nécessaire de renforcer la place des collectivités françaises dans des grands réseaux qui se développent.

La coopération décentralisée au sens européen représente tout acteur non étatique qui devrait être acteur de ce développement à côté de l'Etat.

Comment mieux collaborer avec la coopération bilatérale et la coopération multilatérale ?

En coopération bilatérale, il faut se poser la question de l'intégration de la coopération décentralisée dans l'élaboration des FSP. En coopération multilatérale, l'enjeu se situe au niveau d'une meilleure participation des collectivités locales françaises à des initiatives européennes.

Il y a des possibilités à saisir par pays, mais il y a aussi des lobbies à mieux organiser au niveau régional.

3-Michel Doucin

La coopération internationale : nouveaux enjeux, nouveaux métiers

Le HCCI représente le mode pluriel de la société civile. Il se doit de jouer un rôle de liaison entre la société civile et le Parlement.

Il faut proposer dès aujourd'hui les moyens d'un travail commun sur les thématiques telles que la bonne gouvernance, la microfinance, la lutte contre la pauvreté… Le HCCI entend mettre en perspective les moyens et les méthodes avec le politique, champ qui est incontournable actuellement.

Il manque une coordination et un savoir-faire pour identifier les compétences et les engagements politiques des différentes composantes de la société civile.

La coopération nationale manque d'évaluation externe, de transparence, de savoir-faire en communication.

4-Jean Digne

Formation des acteurs de coopération face à la diversité des situations : un enjeu de la coopération

Le Ministère de l'Education Nationale est un peu un « ministère-ressource » en matière humaine.

Il faut aujourd'hui utiliser en retour ceux qui, par leur expérience, vont enrichir leurs métiers, leurs capacités d'enseigner et transmettre de la connaissance. Le retour doit être extrêmement positif car la coopération internationale a pour premier effet d'engager une coopération à l'intérieur de nos propres frontières multiculturelles.

Il est important de souligner des parcours d'expérience comme autant de valeurs, que des parcours de diplômes.

Il y a des résonances entre les coopérations extérieures et intérieures.

Coopérer : C'est le brassage qui nous enrichit et qui permet de préparer les jeunes. Il y a une culture vivante d'échange et c'est dans l'école qu'on doit pouvoir ouvrir cette approche sensible, un espace culturel dans la vie éducative.

5-Bruno Delaye

Le paysage de la coopération internationale a considérablement changé, en bien. La façon dont nous appréhendons ces problèmes paraît beaucoup plus saine.

L'Etat français, en fusionnant le ministère des Affaires étrangères et le ministère de la Coopération a fait une réforme fondamentale. De nouvelles habitudes de travail sont nées : de nouvelles perspectives de carrière, de mobilité et la possibilité d'élargir les horizons géographiques d'intervention.

Il n'est plus possible à l'administration de travailler en circuit fermé. Il faut travailler avec de nouveaux acteurs.

Il est bien d'avoir additionné dans la même structure « Affaires étrangères », la diplomatie de solidarité et la diplomatie d'influence. Allier les deux, c'est allier à la fois ceux qui estiment que la France a un devoir de projection culturelle extérieure, et ceux qui pensent que la France a un devoir de solidarité extérieure avec d'autres peuples dans le monde.

6-Alain Chetaille

L'AFD et les nouvelles thématiques de l'aide publique au développement

L'AFD est une banque de développement dont les interventions se situent autour de trois grands thèmes :

1- le renforcement et la relance de l'investissement productif dans les pays où elle intervient

2- l'accès aux services de base

3- la contribution au développement local notamment dans les processus de décentralisation

Enjeux de l'aide publique au développement :

Dans les dernières années, une tendance conduisait à dire que l'investissement productif, les grandes infrastructures ne sont plus du domaine des Etats. C'est au secteur privé de régler ces problèmes. Aujourd'hui, le secteur privé ne peut pas prendre la relève dans tous les secteurs ni dans tous les pays. L'investissement productif reste toujours l'un des domaines d'intervention, et il faut imaginer sans doute de le traiter dans des formes nouvelles de partenariat entre les acteurs privés et publics.

De nouveaux thèmes sont de plus jugés prioritaires. Comment intégrer ces dimensions dans les problématiques de croissance économique de développement de l'investissement ? C'est a priori dans cette articulation que nous essayons de nous situer. Il y a un effort à faire pour mieux cibler et mieux prendre en compte ces problématiques.

Il faut une plus grande exigence dans le processus d'instruction, d'analyse et de ciblage des projets, mieux spécifier, expliciter les objectifs poursuivis.

Les modes opérationnels et d'intervention de l'aide publique :

Nous avons développé au fil des années une démarche de concertation de plus en plus accentuée avec les autres bailleurs de fonds à travers des échanges de personnels, des cofinancements. Il faut sans doute aller au-delà. Pour les bailleurs de fonds, il s'agit de mieux s'inscrire dans les politiques et procédures des pays, et de ne pas inventer à chaque fois son projet ou sa démarche spécifique.

Nous avons développé également les relations avec les autres acteurs, entreprises du secteur privé, mais également ONG et collectivités locales.

Tout ceci nous amène à sortir d'une habitude, nous oblige à un dialogue, une discussion beaucoup plus intense, aussi bien avec les autres bailleurs de fonds qu'avec les différents acteurs.

7-Jean-Michel Séverino

Approche prospective : nouveaux enjeux et futurs acteurs de la coopération internationale

La lutte contre la pauvreté n'est pas et ne sera jamais l'inspiration réelle, sincère et concrète des principaux leaders du G7. Le thème n'est pas assez défendable électoralement. Ainsi, l'aide publique au développement est à la baisse mais certaines logiques pourraient s'opposer à cette tendance.

Les logiques actuelles :

L'aide publique au développement est soutenue depuis les années 40 par trois piliers qui sont tous mis à mal aujourd'hui :

1/Le pilier éthico-compassionnel (mouvement du développement vers l'humanitaire)

2/Le pilier géostratégique : depuis la chute du Mur de Berlin, il n'y a plus besoin de lutter contre le communisme.

3/Le pilier économique qui a toujours été orienté vers le commerce et la finance davantage que vers la croissance des pays en voie de développement. Les processus de reconversion de dette vont être d'actualité durant dix ans, mais vont être dépassés par la suite. Quant au besoin d'ouverture commerciale, l'OMC a pris le relais avec notamment l'adhésion des pays en voie de développement.

Les rapports avec les pays du sud sont aujourd'hui caractérisés par « commerce et charité ».

L'APD va se stabiliser à environ 0,20% du PIB, ce qui sera insuffisant pour traiter le problème de la pauvreté.

Les investissements privés (flux directs ou bancaires) en direction des pays en développement vont aussi régresser (baisse des liquidités pour ces pays).

Les logiques que l'on peut proposer

Le courant de réflexion sur les biens publics globaux révolutionne la conception de l'aide au développement. Il s'attache à identifier les défaillances de marché mondial et globalisé. L'originalité de cette théorie est qu'elle démontre que les flux du Nord au Sud sont essentiels à la survie de la planète. Avec les biens publics globaux, l'APD est réhabilitée comme un outil de la stabilité mondiale.

La nature des politiques et leur volume vont être influencés par ce mouvement. Les appareils de l'aide au développement ne vont cependant pas bénéficier de cela car ils sont inadaptés à ces enjeux. Ils devraient pouvoir se situer sur des problématiques d'ordre global : identifier les problèmes, être capable de proposer des solutions politiques et des schémas opératoires pour les traiter.

8-Jean Nemo

L'assistance technique : vers un nouveau métier

L'assistance technique est très fortement concentrée géographiquement. Elle est née dans un cadre historique et géographique face aux nouveaux enjeux de la coopération.

Il faut une expertise de plus en plus pointue, et qui concerne également des pays ne figurant pas parmi les plus pauvres (PECO).

La perspective doit être de mobiliser les gens aussi bien quelques semaines que quelques années en gardant le souci de leur réintégration dans leur milieu d'origine. Il s'agit donc de modifier les règles pour faire face à ces questions de la disponibilité et de l'adaptabilité des personnes.

9-Dominique Gentil

Lutte contre la pauvreté et les inégalités

Il y a une certaine réticence de la part des agents des institutions étatiques vis-à-vis du concept de lutte contre la pauvreté. Le thème est cependant important si l'on y ajoute l'idée fondamentale de lutte contre les inégalités.

Il faut s'interroger sur nos projets et nos programmes au regard des objectifs de la lutte contre la pauvreté et les inégalités.

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Dernière modification : 03 sept. 2002

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