Discours du ministre aux journées du réseau - 18 juillet 2002

SEANCE PLENIERE DES JOURNEES
DU RESEAU FRANCAIS DE COOPERATION
D'ACTION CULTURELLE A L'ETRANGER

DISCOURS DU MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES,
M. DOMINIQUE DE VILLEPIN

(Paris, 18 juillet 2002)

Mesdames et Messieurs les Ministres,

Mesdames, Messieurs,

Je suis heureux d'être parmi vous pour cette réunion annuelle et remercie les personnalités nombreuses qui ont accepté de partager nos débats pour apporter leur témoignage, leur avis.

Je salue la présence de Jean-Jacques Aillagon, Pierre-André Wiltzer, Claudie Haigneré, Tokia Saïfi, qui vont s'associer à cette journée. Nous ne pouvons construire une grande ambition culturelle extérieure qu'en étroite relation avec les autres ministères. C'est pour nous une obligation.

Je me réjouis également de la présence active des opérateurs et partenaires à ces journées.

Mondialisation et développement durable à l'approche du Sommet de Johannesburg ; dialogue des cultures, avant le Sommet de la Francophonie ; défi de la recherche et du développement face au changement : les images déferlent, immédiates, les connaissances sont toujours plus vastes, les techniques omniprésentes… Alors, quelle ambition pour la France ? Quelles valeurs pour guider l'action ? Quels principes pour répondre à l'angoisse des hommes d'aujourd'hui ?

Le monde est en marche, emporté dans le tourbillon du temps. Monde incertain, pris de vertige face aux conflits alimentés sans relâche par la haine et l'incompréhension : la peur est souvent au seuil de nos maisons.

Au cours du siècle écoulé, l'idéal des Lumières s'est brisé sur l'épouvante de l'enfer totalitaire, de la solution finale et du feu nucléaire. L'histoire, loin de s'être arrêtée avec la chute du mur de Berlin et la dislocation de l'Union soviétique, s'est accélérée. C'est elle qui, le 11 septembre 2001, nous frappe au visage.

Soudain, nous voilà sommés de reconnaître que s'ouvre une ère de turbulences et d'incertitude. Plus de schémas simples, plus d'avenir tout tracé, plus d'idéologies rassurantes pour ordonner l'univers. L'accélération du temps révèle un bouillonnement d'innovations, de métamorphoses et de nouvelles opportunités, tout un univers contrasté, difficile à déchiffrer, porteur du meilleur comme du pire.

Désormais le monde est mouvant. Sans coup férir, un pays tout entier chancelle et sombre dans la crise. D'un même élan, des richesses fabuleuses sont créées ou s'évanouissent. D'un jour à l'autre, notre vision et nos priorités peuvent être bouleversées. La puissance, si grande soit-elle, ne suffit plus à assurer la stabilité. Nous la découvrons précaire, vulnérable quand le faible songe à faire chanceler le fort. Ce n'est plus tant l'excès de la puissance qui menace que le vertige du vide.

Comment ne pas être pris de malaise devant ce monde aux perspectives trompeuses ? Autour de nous se dressent des fantômes du passé. A une mondialisation perçue comme négation de l'identité, oublieuse des différences, certains sont tentés de répondre en se crispant sur l'appartenance religieuse, tribale, ethnique ou nationale. Les massacres de masse, les déportations de populations font douter que l'humanité ait tiré la leçon des tragédies du XXe siècle. Le monde s'ouvre, les peuples, les cultures se mêlent, et pourtant toujours semblent grandir l'intolérance, la peur ou la haine de l'autre. Certains se cramponnent à des identités trouvant moins matière à se construire eux-mêmes qu'à nier l'altérité. D'autres se cuirassent d'indifférence et se nourrissent de résignation.

Ah ! comme le clame Césaire, tout l'espoir n'est pas de trop / Pour regarder le siècle en face !

De cet espoir, la culture porte la plus haute part.

D'abord, parce qu'elle est un héritage qui, loin de nous écraser, nous donne l'assise nécessaire pour être vraiment libres. La chevauchée de la modernité va de pair avec la consommation de masse, la standardisation des comportements, l'affadissement des cultures. Le marché assujettit à sa logique des domaines chaque jour plus étendus. Des traditions, des langues, des coutumes perdent du terrain, s'effacent et finissent par disparaître. Des cultures entières sont rayées de la mémoire du monde. Le divers décroît.

Or la pluralité des cultures est la clef d'un monde fraternel. Pour conjurer la peur, pour donner confiance aux hommes, pour que force reste à la vie car, comme l'écrit Victor Segalen, c'est par la Différence, et dans le Divers, que s'exalte l'existence. La diversité est le sel du monde. Il faut donc lutter pour que les cultures vivent, garantir comme y invitait le président de la République à l'UNESCO le 15 octobre dernier, l'égale dignité de toutes les cultures.

Mais la culture nous porte aussi parce qu'elle est volonté. Contre l'abattement, contre l'humiliation, elle affirme la vérité du possible. Elle trace des chemins.

Elle n'est pas une abstraction, un songe peuplé de chimères. Vous le vivez chaque jour : il faut à la fois la matérialité du savoir, la rigueur de la technique et l'acharnement du rêve pour qu'elle produise le meilleur d'elle-même. Souvenons-nous du conseil de René Char : Restez près du nuage. Veillez près de l'outil.

Au nœud de cette exigence se tissent les liens qui uniront un jour les hommes.

Votre nouvelle mission est là : vous avez la vocation de faire découvrir les ferments d'un dialogue enthousiaste et pacifié avec la dissemblance. Vous êtes dans le projet, dans la rencontre, dans l'action, les garants de la main tendue, au plus près de la diplomatie.

Au-delà de la défense et de la promotion de la culture française, au-delà de la diffusion de notre langue, de nos sciences et de nos techniques, vous devez être des passeurs, chercher à rapprocher les hommes, à les faire s'interroger et se répondre. Vous devez incarner une approche volontariste de l'échange.

Tel est bien l'esprit de la coopération qui doit effacer les clivages et relever les défis de l'éducation et du développement, soucieux de proximité pour s'adapter à la réalité du monde en mouvement. Il doit nous conduire à ajuster sans cesse nos outils aux besoins de ceux qu'ils doivent servir.

Vous êtes d'autant plus aux avant-postes de ces combats que la vocation de la culture et de la coopération françaises est universelle. Vous êtes les témoins d'une vitalité que le passage des siècles n'a pas tarie. A vous de faire fructifier cet héritage à travers rencontres, témoignages, projets et jusqu'aux recherches les plus exigeantes.

Dans cette tâche, vous devez prendre pour appui les armes miraculeuses de la langue française. Elle est notre origine commune, la matrice de notre pensée et de notre action. C'est dans les mots de notre langue que s'édifient des ponts entre les peuples, que se dissipent incertitudes et incompréhensions, que se construit la vérité d'un échange, d'un lien.

La langue française et la francophonie ne sont pas la propriété de la France. Elles s'élaborent au fil des échanges avec d'autres pays, s'aiguisent au contact des parlers d'ailleurs, du ventre des galions au cœur des plantations, comme l'indique Edouard Glissant. Une vie se guide dans le souvenir d'une terre, dans l'exercice d'une mémoire, dans le rappel et la pratique d'une langue, dans le respect de traditions, dans l'effusion d'une culture.

Notre politique culturelle et notre action de coopération sont fortes, pleines de vie. Elles continuent d'exercer sur les autres peuples - vous le savez mieux que quiconque - un très vif attrait. Cela ne signifie pas pour autant qu'elles n'ont pas besoin de vos efforts quotidiens pour les défendre et les promouvoir.

En ce domaine, l'ambition de la France a toujours existé. Les instruments de l'action culturelle extérieure ont été créés bien avant que Malraux fonde, en 1959, le ministère de la Culture : les Alliances françaises, en 1883, sous l'impulsion de personnalités éminentes du monde éducatif ; l'Association française d'action artistique, en 1922, en partenariat, déjà, avec des mécènes privés. Les instituts français, d'Athènes, de Florence, l'éducation et les échanges artistiques, voilà un paysage qui ressemble au nôtre : hier comme autrefois, des mécanismes innovants, des opérateurs indépendants, portés par des objectifs similaires.

En déployant de considérables moyens humains, matériels et financiers, la France développe un réseau mondial, comparable seulement à celui de ses grands voisins.

Vous êtes dépositaires de cet héritage. Les clefs de la maîtrise de la mondialisation sont entre vos mains. D'abord parce que le rayonnement de notre culture et de notre coopération est, aujourd'hui, l'un des facteurs-clé de l'influence, dans un monde où les déterminants traditionnels de la puissance ont perdu de leur pertinence. Ensuite, parce que la paix et la stabilité de la planète dépendent aujourd'hui, et j'en suis convaincu, de notre capacité à inventer une mondialisation respectueuse de la diversité.

Comment être fidèle à cette vocation originelle tout en cherchant à répondre aux nécessités d'aujourd'hui ?

Pour y parvenir, une triple exigence : de vision, de mouvement, de responsabilité enfin.

Première exigence : celle de la vision.

Il faut inscrire nos projets dans une véritable stratégie, avant d'examiner et de définir les moyens à mettre en œuvre pour atteindre ces objectifs. La démarche inverse ne peut conduire qu'à l'enchevêtrement des procédures et à l'empilement des structures.

La Direction générale doit donc se recentrer en priorité sur ses fonctions de conception et d'impulsion. Et la même volonté doit se manifester au niveau local. Un ambassadeur présente un plan d'action six mois après son arrivée et un rapport de mission à la fin de son séjour. Le conseiller de coopération et d'action culturelle doit lui aussi réfléchir aux orientations stratégiques de son action et les intégrer dans les priorités du poste. Vous devez placer haut votre ambition pour vaincre les embûches qui surgiront au long du chemin.

Instruits par les leçons de l'histoire et de la géographie, sachons profiter de la densité de notre réseau pour trouver, entre les postes, les complémentarités nécessaires à la poursuite d'axes de travail communs à telle ou telle zone régionale.

N'hésitons pas non plus à faire connaître nos choix, en toute transparence, à nos partenaires étrangers et aux opérateurs. Le réseau doit contribuer de la sorte à l'effort de prévisibilité qui s'impose à l'ensemble de notre diplomatie.

Sous l'impulsion d'Hubert Védrine, a été créé l'an dernier l'Institut diplomatique, soulignant ainsi l'importance de l'apprentissage tout au long d'une carrière. Je souhaite que la formation initiale, avant le départ en poste, comme la formation continue, permettent à chacun de disposer des outils indispensables à son action.

Deuxième exigence : celle du mouvement.

Il ne suffit pas de fixer une direction. Il faut aussi être capable de tenir le cap, en adaptant en permanence les moyens mis en œuvre. Le métier diplomatique nous habitue à cette perpétuelle remise en cause : comment aboutir dans une négociation, comment sortir d'une crise ? Vous devez être pionniers, défricheurs, guetteurs des moindres frémissements de la création, de la pensée, de la sensibilité.

Pour cela, il faut, à chaque instant, s'adapter à un monde qui change. Ce n'est pas tant un problème de moyens qu'un effort de rationalisation des méthodes, des instruments, des procédures qu'il faut poursuivre après la réforme récente.

Si l'Afghanistan, au sortir d'un quart de siècle de guerre, appelle à une coopération en matière éducative, il faut pouvoir répondre à sa demande sans être placé devant le dilemme de savoir quel établissement sacrifier pour rouvrir les lycées franco-afghans de Kaboul.

Pour donner un nouvel élan à la coopération franco-allemande, il faut pouvoir présenter des stratégies imaginatives, sans forcément passer par des coopérations classiques.

Nous sommes à l'heure des voyages faciles, des nouvelles technologies, des réseaux. De plus en plus de jeunes auront l'occasion de vivre quelque temps à l'étranger, pour apprendre ou travailler. Le dispositif culturel et de coopération français doit accompagner ces mutations, intégrer des dynamiques nouvelles, par exemple entre le secteur public et l'initiative privée, mieux prendre en compte la perspective européenne, en matière de programmes ou de législation.

Parce que vous devez être aux aguets des mouvements du monde, en même temps que gardiens de l'héritage, vous devez représenter des horizons variés. Des parcours divers doivent sans cesse être intégrés ; tels les responsables d'établissements publics ou de la fonction publique territoriale là où se développe la coopération décentralisée. Nous disposerons ainsi, en France, de relais nombreux de l'action internationale.

C'est pourquoi, pour ouvrir et rendre le recrutement plus professionnel, plus performant, je souhaite la constitution d'une commission consultative, comprenant des personnalités qualifiées. Elle aidera, à partir de profils et de critères précis, en amont des nominations, à identifier un vivier où recruter conseillers et attachés.

L'ouverture sera assortie d'un effort accru pour assurer un suivi des parcours professionnels entre l'étranger et la France. Avec les membres du gouvernement, nous trouverons les moyens de créer une cohérence d'ensemble.

Ces orientations nouvelles seront mises en œuvre avant la fin de l'année par la direction générale de la coopération internationale et du développement, et par la direction générale de l'administration.

Je souhaite également donner davantage de souplesse à nos moyens d'action, centres ou instituts, alors que nous sommes confrontés à une contradiction : la multiplication des tâches de plus en plus complexes confiées aux centres chargés d'animation culturelle, à l'instar des maisons de la culture des années 1960, mais aussi responsables de l'enseignement du français, de la valorisation des nouvelles technologies, de modules d'information sur l'enseignement supérieur ou encore de la production audiovisuelle.

Il convient de leur permettre d'assumer leurs tâches pleinement, de manière efficace et cohérente. C'est pourquoi je demande à la direction générale de la coopération internationale et du développement, en liaison avec la direction générale de l'administration, de me proposer d'ici la fin de l'année des adaptations du réseau dans deux directions.

En premier lieu, une simplification administrative, pour qu'il ne subsiste qu'une seule forme de centres intégrant tous les centres : culturels et linguistiques, culturels et de coopération… Les nouveaux "instituts français" devront être connus comme la structure unique portant la coopération de notre pays.

En second lieu, une nouvelle impulsion à l'autonomie financière de ces "instituts français" qui leur permettra à la fois de planifier et de mettre au point des projets de coopération, de trouver des cofinancements, de participer à des appels d'offres…

Dernière exigence : la responsabilité.

Chacun doit avoir une mission clairement définie et constamment évaluée.

Dans la compétition des savoirs et sur le terrain très concurrentiel du marché éducatif mondial, nous devons prendre toute notre place. Poursuivre nos efforts de recherche, la coopération universitaire, notre objectif de formation des élites mondiales de demain, par exemple par le développement d'une vocation internationale de nos universités ou la valorisation de nos pôles d'excellence, comme l'archéologie.

C'est à travers les bourses, les campagnes de fouilles, les écoles françaises que notre influence s'affirme. En quatre ans, le nombre d'étudiants étrangers accueillis en France a connu un accroissement de plus de 30 %. Avec près de 195 000 étudiants étrangers dans les universités françaises en 2002, nous nous situons au deuxième rang européen après la Grande-Bretagne.

Dans ce contexte, il revient à l'Agence EduFrance, dont il a été décidé de reconduire le mandat pour deux ans, de cibler son action sur la promotion de nos formations et sur la mise en place de services pour l'accueil des étudiants. Avec Luc Ferry, nous allons travailler à la rationalisation de ses missions.

Le Sommet de la Francophonie aura lieu fin octobre à Beyrouth. Ce sera l'occasion de relancer la coopération entre les partenaires francophones. Avec Pierre-André Wiltzer, nous voulons en faire une priorité.

Enfin, quelle image la France veut-elle donner d'elle-même ? Le président de la République a souligné toute l'importance de l'information. Il s'agit, dans mon esprit, de refléter un regard français sur le monde, nourri par sa culture, son histoire, son art de vivre, sa langue, sa capacité à débattre d'idées, bref, une réponse singulière et ambitieuse à la mondialisation.

Nous explorons aujourd'hui, en liaison avec Jean-Jacques Aillagon, diverses options pour créer un pôle télévisuel extérieur plus cohérent, plus lisible, mieux à même de relever les défis d'une information internationale en français de bonne qualité. Nous les examinons avec pragmatisme, en partant de l'existant, pour ne pas entretenir de concurrences inutiles, et surtout pour être au plus près de la demande et des évolutions technologiques.

Fidèles aux exigences qui sont les nôtres, la solidarité et l'aide au développement occupent une place centrale. Pierre-André Wiltzer en précisera ce soir les grandes orientations. Notre politique pour le développement et notre action culturelle extérieure ne sont-elles pas les deux faces d'une même médaille, celle des valeurs de la République ? Alors que je m'apprête à m'envoler une troisième fois pour l'Afrique, je souhaite préciser devant vous cette ambition qui me tient à cœur.

Une ambition globale, d'abord : depuis 1998, le ministère et les ambassades ont défini des politiques par pays qui fixent en interministériel "une feuille de route". Je salue le travail accompli. Cet exercice doit être complété par la définition de politiques sectorielles. Et les thèmes de travail ne manquent pas : le développement économique et social, la scolarisation universelle des filles et des garçons, la santé primaire, la vaccination, les grandes pandémies, dont le SIDA, l'énergie renouvelable, la forêt, l'accès et la gestion de l'eau, le développement durable, la gouvernance, la décentralisation, le commerce équitable, etc. La définition de priorités soigneusement contrôlées est indispensable pour peser sur les politiques sectorielles des organismes multilatéraux, qui désormais donnent le ton, notamment la Banque mondiale et le FMI.

Une volonté d'engagement, ensuite. Après Doha et Monterrey, la conférence de Johannesburg sur le développement durable, comme l'initiative NEPAD dont s'est saisi le G7/G8 à Kananaskis, permettent de placer l'Afrique et la bonne gouvernance en tête des priorités. La France présidera le G8 en 2003. Il nous appartient de saisir cette opportunité pour faire valoir notre conception du développement et de la solidarité internationale. Une conception qui ne se fonde pas uniquement sur l'économie, mais qui intègre le facteur humain, la culture et la recherche.

Les chantiers que nous avons ouverts sur la lutte contre le sida, le désendettement, les biens publics mondiaux me semblent féconds, fidèles au choix du président de la République d'une contribution française accrue à l'APD, de 0,34 % du PIB aujourd'hui à 0,5 % en cinq ans. Le Premier ministre a confirmé que l'APD était l'une des cinq priorités retenues pour le budget 2003. Il faut donc tous nous mobiliser pour faire mieux vivre notre coopération.

Enfin, souci de responsabilité pour porter la position de la France dans toutes les enceintes internationales, où se dessine aujourd'hui le visage de la mondialisation. Responsabilité particulière de la communauté internationale à l'égard de l'Afrique ; responsabilité de la communauté internationale à l'égard des zones en crise : en Afghanistan, à Madagascar, dans les grands lacs, ne relâchons pas nos efforts ; responsabilité à l'égard de notre planète dont les ressources sont toujours davantage sollicitées, au Nord comme au Sud. Nous avons à défendre un "intérêt général" mondial : la stabilité financière, la qualité de l'environnement, la lutte contre les grandes pandémies, la sécurité quotidienne. Ce ne sont plus seulement des objectifs nationaux, mais des biens publics mondiaux à gérer en mobilisant de nouveaux moyens. Il faut réfléchir sans a priori sur le financement collectif de ces biens.

Mesdames et Messieurs, cette réunion annuelle et les discussions des différentes tables rondes sur la maîtrise de la mondialisation doivent nous conduire à réfléchir à notre fonctionnement, à nos objectifs, à aller de l'avant. Je compte sur votre volontarisme et votre imagination pour que ce réseau devienne un pôle d'excellence de notre diplomatie, au service de la France.

Le monde est complexe, bouillonnant, souvent confus. Devant nous s'ouvrent des défis multiformes : défi de la paix et de la sécurité, défi du développement durable, défi d'une meilleure régulation du capitalisme, défi de la diversité et du dialogue. Pour chacun de ces enjeux, la dimension culturelle est, j'en suis convaincu, fondamentale. C'est pourquoi chaque culture a, aujourd'hui, un devoir qui lui est propre : celui d'assumer la totalité de son héritage pour apporter la contribution unique sans laquelle quelque chose manquerait au tableau divers et changeant de notre monde. A nous, à chacun de nous, porteurs de culture, d'aider à faire vivre cette loi du partage et de l'échange.