Forum ACAD-MAE

« L'enjeu des ressources humaines 
dans la coopération de demain »

26 juillet 2001
Atelier 2 

« Mobilité ; valorisation de l'expérience et carrière »

Communication présentée par M. MONFERRER 
(Directeur du volontariat à l'AFVP et représentant le CLONG-volontariat)

Avant d'aborder les deux questions posées dans le cadre de l'atelier (comment définir des parcours professionnels intégrant la mobilité ? et comment reconnaître l'expérience et la transformer en acquis professionnels valorisables pour la carrière ?) quelques points de repère concernant le Clong volontariat, l'AFVP et le volontariat de solidarité internationale.

Le Clong-Volontariat

ü Le CLONG est un collectif d'ONG de volontariat ;

ü Il regroupe environ 15 organisations d'envoi de volontaires.

L'Association Française des Volontaires du progrès

ü Son objet social : permettre à des jeunes (Français et Européens) de manifester leur solidarité avec les populations d'autres pays en s'associant à leurs efforts et en participant, à leur côté et à titre volontaire, à des actions liant développement économique et promotion humaine et d'en témoigner à leur retour. L'AFVP affirme en cela sa vocation à promouvoir et développer auprès des jeunes les pratiques de la solidarité.

ü Son statut : L'AFVP est régie par la loi 1901 et a été crée en 1963.

ü Les membres : L'Association est dirigée sur un mode paritaire par des organisations de solidarité internationale, des mouvements de jeunesse et d'éducation populaire et les pouvoirs publics (tutelle exercée par le MAE).

ü Quelques chiffres :

- présence dans 40 pays(Afrique, Asie, Amérique latine),

- sur 250 opérations,

- mobilisant 375 volontaires, 300 cadres nationaux, 50 cadres de droit français.

ü Domaines d'intervention :

- Développement local, urbain et rural,

- Décentralisation,

- Santé publique,

- Vie associative et dynamiques jeunesse,

- Formation/éducation de base …

Les caractéristiques du volontariat de solidarité internationale

ü Pendant longtemps les organisation de volontariat ont exclusivement fondé leur légitimité sur les actions qu'elles mettaient en œuvres et sur les destinataires de ces actions dans les pays du sud.

ü Aujourd'hui ces organisations se préoccupent aussi de questionner qui elles sont :

Ø D'abord en reposant les valeurs fondatrices du volontariat :

- citoyenneté active et responsable, facteur de cohésion sociale (au sud comme au nord),

- humanisme engagé, et solidarité,

- ouverture aux autres cultures, à l'échange,

- positionnement de l'homme au cœur des processus de développement et de changement social.

Ø Ensuite en analysant mieux l'utilité et la modernité de cette forme particulière de coopération :

- vecteur d'échange et facteur de changement,

- impliquée sur le terrain en proximité des acteurs,

- s'efforçant de rendre les actions menées efficaces et pérennes.

Ø Enfin en positionnant le volontariat comme un temps de formation continue à travers une mise en situation humaine sociale et professionnelle, permettant de développer différentes capacités :

- d'analyse et de compréhension des contextes culturels et sociaux, des systèmes de valeurs, des problématiques locales,

- d'adaptation à un environnement différent,

- relationnelles liées à la qualité des échanges humains,

- de médiation et d'accompagnement des acteurs locaux,

- d'innovation et de créativité,

- d'exercice de la responsabilité,

- de remise en cause.

Ces différentes capacités se traduisent par des compétences acquises dans les champs :

- de l'ingénierie de développement,

- de la solidarité et de l'engagement associatif,

- du management,

- de la coopération et de l'international,

- des nouveaux métiers (développement local, médiation, appui-conseil …),

- de l'éducation au développement,

- de l'inter culturalité.

Par rapport a la question des parcours professionnels intégrant la mobilité

ü Le volontariat à des atouts :

Ø par essence c'est un engagement limité dans le temps (2 ans), au delà de ¾ ans risque de décalages psychologiques et professionnels,

Ø le niveau de formation a augmenté (par exemple à l'AFVP, 72% Bac plus 3 en 1998 contre 57% en 1989),

Ø les capacités et compétences acquises, pendant le temps de volontariat, sont valorisables dans un contexte de mobilité,

Ø de nombreux volontaires retour donnent une nouvelle orientation à leur projet professionnel et reprennent un cursus de formation.

ü Ceci étant risques existent au niveau réinsertion et retour :

Ø Le volontaire doit faire face à des ruptures qui peuvent être déstabilisantes et qui supposent des changements :

- de vie et d'environnement,

- d'activité,

- dans le vécu de ses engagements.

Ø A ce niveau intervient aussi la responsabilité des associations d'envoi qui doivent sélectionner :

- sur des savoir-faire,

- mais aussi sur des savoir être,

- sur l'équilibre personnel des candidats au départ.

C'est le gage d'un bon travail sur le terrain mais aussi d'un retour bien géré et assumé.

ü Au final le volontariat n'est, ni un passeport pour l'emploi, ni un handicap majeur.

Dans tous les cas le retour est une épreuve :

Ø il faut trouver sa place,

Ø se réadapter,

Ø valoriser son expérience et la faire reconnaître.

Les associations de volontariat doivent :

- mieux investir ce terrain du retour et de la réinsertion,

- faire preuve de créativité sur ces sujets.

Par rapport à la question de la reconnaissance de l'expérience et à sa transformation en apport professionnel valorisable pour la suite de la carrière.

ü Certains écueils demeurent :

Ø L'image du volontariat dans le public oscille entre le bon samaritain et les vacances prolongées au soleil. Ceci implique de mieux informer sur les conditions de travail des volontaires et sur les compétences développées.

Ø Le statut flou du volontariat de solidarité internationale. Le mouvement associatif avait souhaité, qu'à l'occasion de la fin des Coopérants du Service National, soit faite une grande loi sur le volontariat dans notre pays. Espoir déçu, la loi sur le volontariat civil de 2000 est à minima et ne prends pas suffisamment en compte ce type de volontariat.

Ø Sur ce sujet le CLONG a entrepris (à l'occasion de l'année 2001 année international du volontariat) un important travail à différents niveaux :

- publication d'un ouvrage « volontariat valeur d'avenir » dans le cadre de la Commission Coopération Développement,

- Travail de lobbying au niveau du HCCI, du Conseil National de la Vie Associative, du Conseil Economique et Social, du Parlement, des départements ministériels.

Reste à espérer, à l'instar des autres grands pays, que le volontariat pourra être mieux reconnu au plan du statut.

ü L'autre écueil c'est le volontaire lui même, qui s'il reconnaît l'intérêt fort de l'expérience et le fait que souvent il a plus reçu que donné, à du mal à en parler, à valoriser cette expérience.

A ce niveau un travail important est en cours pour repositionner le volontariat comme un temps de formation. Par exemple à l'AFVP :

Ø Renforcement des modules de formation au départ (la durée est passé de 8 à 15 jours),

Ø Organisation d'un véritable travail au retour (débriefing, travail sur l'expérience et sa valorisation),

Ø En repensant notre dispositif de suivi et d'accompagnement sur le terrain :

- en ce centrant sur l'appui à la production, à l'analyse et à la valorisation des pratiques professionnelles et du vécu du volontaire,

- en aidant le volontaire à identifier ses points forts et ses points faibles et en définissant avec lui ses objectifs de progression et les moyens de les atteindre (formation, suivi, mise en réseau, capitalisation …).

Ø En faisant valider le temps de volontariat comme un temps de formation (formation professionnelle continue, implication avec des universités, validation des acquis professionnels …),

Ø En travaillant plus en amont sur la réinsertion :

- Analyse plus systématique sur ce que deviennent les milliers de personnes qui ont été volontaires, et sur l'apport de cette expérience,

- travail de mobilisation des réseaux d'anciens et des partenaires pour faciliter le retour et la réinsertion,

- contact avec des entreprises sur des parrainages de candidats volontaires et sur leur suivi sur le terrain et au retour.

Pour reprendre les propos de M. Delaye, il y a là un vivier extraordinaire ayant pratiqué la coopération, le développement, la solidarité sur le terrain au plus près des acteurs et des réalités locales Beaucoup reste à faire pour le valoriser et le faire reconnaître.