Le CIEDEL

Journées ACAD MAE 26/07/01

Présentation du CIEDEL

03/08/01

Le CIEDEL a été créé en 1990 et développe trois champs d'actions qui visent au renforcement des compétences des acteurs de développement.

formation en ingénierie de développement local : formation universitaire et professionnelle de cadres du développement du Nord et du Sud
appui et accompagnement d'acteurs de développement
mise en œuvre du programme RESACOOP d'appui aux acteurs de la coopération en Région Rhône-Alpes

En 1990, les fondateurs du CIEDEL partaient du constat d'un monde en profonde mutation :

l'échec des modèles de développement
la crise de l'Etat
le renouveau du local
l'émergence de nouveaux acteurs

Cette évolution et complexification du contexte mondial amène à un renouveau des démarches d'action, les organismes d'appui au développement passant de la fonction d'opérateur à la fonction d'appui.

Dans ce cadre les professionnels de développement voient leur rôle évoluer, ils doivent être capables de comprendre et analyser un contexte, d'identifier acteurs et stratégies, de favoriser la création de synergies entre acteurs, de participer à la mise en place d'espaces de concertation, d'appuyer la création de dispositifs techniques, financiers, institutionnels, d'identifier l'articulation d'actions entre les collectivités locales et les autres acteurs de développement…

Les compétences dont les professionnels ont besoin ne sont plus les mêmes.

Le CIEDEL décide alors d'évoluer vers une formation en ingénierie de développement local pour des acteurs de développement, formation centrée autour de l'acquisition des compétences transversales dont ils ont besoin pour animer ou appuyer une dynamique de développement local.

Cette formation est fondée sur les principes suivants :

formation généraliste destinée à des professionnels ayant déjà une compétence technique
formation centrée sur les démarches et les méthodes
formation basée sur la mise en commun et l'analyse des pratiques
formation multiculturelle et brassant les statuts sociaux
formation intense (deux années de 36 semaines de formation à plein temps), privilégiant le travail de petit groupe.

Les modules mis en place sont par exemple :

gestion des conflits,
appui à la création d'activités économiques
pratiques du développement local
mondialisation, décentralisation développement local

En 12 ans, cette formation s'est révélée un succès, ayant permis la formation de près de 400 cadres et ne parvient plus à répondre à l'augmentation de la demande de formation.

Cette demande a essentiellement pour origine les pays du Sud, tant des ONG que des pouvoirs publics, complétée par une demande d'acteurs de développement travaillant au Nord. En revanche les acteurs de la coopération internationale française n'émettent qu'une demande extrêmement ténue, et l'on peut compter sur les doigts d'une main les ONG ou organismes publics qui ont envoyé en formation un de leur cadre du Nord au CIEDEL.

Pourtant, les acteurs de coopération sont de plus en plus nombreux (on recense 800 organismes privés ou publics impliqués dans la coopération internationale rien qu'en Rhône-Alpes). Ces organismes sont extrêmement diversifiés et rencontrent les mêmes difficultés que leurs collègues du Sud : comment gérer une relation de partenariat, comment se comporter pour intervenir en appui, comment identifier les stratégies des acteurs, comment capitaliser ou échanger les pratiques…

Ce manque d'intérêt pour la formation « professionnelle », dépasse ce qui est consédéré comme une caractéristique de notre société. Il est à nos yeux assez révélateur de ce que J. M. Domenach appelle « la théorie de la science infuse ». IL a pour conséquence une incapacité à se décentrer, à voir les originalités qui émergent, à s'associer aux compétences universitaires utiles pour la pratique.

Si l'on s'attache à comprendre les causes de cette situation on trouve trois grands familles de causes :

les causes liées à l'antériorité dans l'action :

« cela fait 15 ans que nous intervenons, nous savons déjà, une formation ne va rien nous apporter »

les causes liées à la maîtrise d'un métier de base

«  agronome, ingénieur civil, urbaniste, nos compétences sont suffisantes, le reste s'apprend par la pratique »

les cause liées aux convictions, aux valeurs

« nous agissons en solidarité avec les plus pauvres, nous sommes à leur écoute et nous répondons à leurs demandes »

Face à cette situation, le CIEDEL a mis en place une double stratégie de renforcement des compétences des acteurs du Nord :

accompagner des organisations en partant de leurs demandes.

RESACOOP fournit des appuis personnalisés au montage de dossier pour des organisations de la région. Ces appuis très liés au départ aux questions de demandes de financement débouchent ensuite sur des questionnements d'ordre méthodologique et parfois sur la prise de conscience de besoins de formation ou de recours à des compétences externes

Avec trois ONG, le CIEDEL a mis en place des collaborations sur le long terme, au départ instrumentales (formation à la gestion de projet…) et ponctuelle (une formation par an). L'irruption d'un tiers extérieur dans l'ONG a permis progressivement de travailler avec les membre de l'ONG sur l'analyse de leurs pratiques, et permettent progressivement de faire apparaître les besoins de formation et de mettre en place de nouvelles actions (formation, appui) sur des questions de fond (l'évaluation, le sens de l'action…),

mettre en regard les pratiques

Dans le cadre de RESACOOP, des réunions thématiques sont organisées qui permettent aux organisations participantes d'échanger sur leurs pratiques : comment initier une relation avec un partenaire du Sud, comment appuyer des mutuelles de santé, comment dépasser les envois de livres ou médicaments…

La mise en regard des pratiques, l'identification des problèmes générés par les interventions de chacun amènent les participants à se poser des questions et à identifier qu'au delà d'une meilleure compétence sur le montage des dossiers de demande de financement, il est nécessaire de renforcer des compétences méthodologiques.

Toutefois, les résultats restent modestes :

il est difficile de toucher les décideurs (élus, directeurs d'ONG…)
la formation reste considérée comme importante pour les acteurs du Sud et les jeunes du Nord qui partent en coopération.

Des mesures incitatives permettant aux acteurs de la coopération internationale de renforcer et de mutualiser leurs compétences, en croisant les regards entre les différents types d'acteurs (collectivités locales, hôpitaux, Ministères, organisations professionnelles et OSI) seraient plus que nécessaires pour professionnaliser la coopération et développer le dialogue multi-acteurs dont on parle tant mais qui se pratique si peu.